Chaque année en France, 225 000 nouveaux cas d’Alzheimer sont recensés. Ce que l’on considère comme la plus fréquente des maladies neurodégénératives continue de gagner du terrain : on estime à 1 275 000 le nombre de malades d’ici 2020. A l’heure actuelle, aucun traitement curatif n’est disponible sur le marché.
Mais c’était sans compter l’avancée majeure dans le monde de la recherche scientifique, un laboratoire américain a annoncé il y a quelques jours vouloir homologuer un médicament visant à réduire le déclin clinique de la maladie. Cette information a été relayée par l’AFP ainsi que de nombreux médias dont le Figaro et France Inter. On vous en dit plus.
C’est en 1906 que le Dr Alois Alzheimer remarque des changements dans le tissu cérébral d’une femme décédée d’une maladie mentale inhabituelle. Après avoir examiné son cerveau post-mortem, le médecin trouve de nombreux amas anormaux – ce que l’on appelle aujourd’hui des plaques amyloïdes – et des faisceaux de fibres enchevêtrés, communément appelés enchevêtrements neurofibrillaires. Le médecin venait de découvrir la maladie qui portera son nom.
Mieux comprendre la maladie d’Alzheimer
Bien que le principal facteur de risque connu soit l’âge, il faut savoir que la maladie d’Alzheimer ne fait pas partie du vieillissement. En effet, les statistiques démontrent que sur 850 000 patients, 8000 à 8500 personnes de moins de 60 ans souffrent de la maladie, soit 1% des malades recensés. C’est donc rare, mais pas impossible.
La perte de mémoire est l’un des premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer, et à mesure que la maladie progresse, les troubles de la mémoire s’aggravent et d’autres symptômes se développent, notamment: une difficulté à gérer les tâches de la vie courante, des changements d’humeur et de comportement, une confusion ou encore une altération du raisonnement, entre autres signes.
Les scientifiques ne comprennent pas encore très bien ce qui cause la maladie d’Alzheimer. Chez certaines personnes, une mutation génétique peut en être la cause, mais les chercheurs étudient encore si l’éducation, l’alimentation et l’environnement peuvent favoriser dans une certaine mesure le développement de la maladie.
Il n’existe aujourd’hui aucun traitement curatif de la maladie d’Alzheimer, mais beaucoup peut être fait pour permettre aux malades de mieux appréhender la maladie. C’est la mission revendiquée par Biogen, un laboratoire américain qui se veut être pionnier dans les neurosciences.
Une avancée scientifique
L’annonce a défrayé la chronique cette dernière semaine. Biogen, un laboratoire pharmaceutique américain a annoncé vouloir obtenir l’approbation de la Food and Drug Administration pour l’aducanumab, un traitement expérimental visant à réduire le déclin de la maladie d’Alzheimer.
Il faut dire que la nouvelle a fait l’effet d’un véritable pavé dans la mare et pour cause, le géant pharmaceutique avait annoncé au mois de mars dernier l’abandon des essais car les résultats s’étaient avérés décevants. Mais dans un retournement de situation des plus inattendus, Biogen a annoncé qu’une nouvelle analyse des données d’essais clinique avait révélé que des patients qui avaient reçu la molécule testée à de fortes doses présentaient des résultats concluants. Le laboratoire a donc déclaré qu’il déposerait une demande de licence pour l’aducanumab à la FDA au début de l’année 2020.
Des avis partagés
Pour le professeur Bruno Dubois, directeur de l’institut de la maladie d’Alzheimer à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, il s’agit d’une lueur d’espoir considérable dans le domaine de la recherche. Il explique à nos confrères de France Inter : « Depuis qu’on travaille sur la maladie, c’est la première fois qu’on a un médicament qui agit sur les lésions (…) Jusque-là, c’était une période de vaches maigres, nous n’avions que des résultats négatifs. On est donc reparti vers des perspectives qui sont de nouveau positives. ».
Toutefois, certains experts restent sceptiques. C’est le cas notamment du Dr. Murali Doraiswamy, spécialisé dans la maladie d’Alzheimer à l’université de Duke. Il confie au New York Times que les informations publiées à ce jour restent insuffisantes pour se prononcer sur le sujet, bien qu’elles demeurent encourageantes. Le Dr Ronald Peterson de la Mayo Clinic et le Dr Michael Weiner à l’université de Californie rejoignent son avis. Tous deux spécialisés en recherche sur la maladie neurodégénérative, ils confient respectivement que l’efficacité du médicament n’a pas encore convaincu la FDA et que l’impact sur les patients doit encore être évalué.
Pour l’heure, il n’est pas question de commercialiser l’aducanumab, les processus d’approbation pouvant prendre encore un ou deux ans. Toutefois, il s’agit pour beaucoup d’une avancée de taille et d’une sentinelle dans la lutte contre cette maladie neurodégénérative touchant des millions de personnes dans le monde.